Une année avec la MHM : le pourquoi et les interactions avec les élèves

Pourquoi cette méthode ?

Cela fait un moment que je souhaitais changer de méthode de maths. J’ai utilisé pendant 5 ans « La clé des maths » de chez Belin, mais je lui reprochais d’être un peu trop abstrait. Les élèves n’étaient pas assez actifs en mathématiques. Alors l’an dernier, j’ai beaucoup échangé avec mes collègues pour les inciter à tester la Méthode Heuristique de Mathématiques de Nicolas Pinel. Mes collègues se sont laissées tenter et tous les 4 (du CP au CM2), nous avons commencé cette méthode en septembre. Après pratiquement une année, j’avais envie de prendre un peu de recul et vous faire partager ce que j’en pense. Je vous conseille plus que vivement de vous procurer le guide de la méthode pour comprendre son esprit, c’est pour moi un passage obligé. Prenez bien la version de chez Nathan qui est la dernière disponible. Une autre recommandation est de regarder la vidéo de Nicolas Pinel qui présente différents aspects de la méthode. Sans oublier de rejoindre les groupes Facebook de la méthode. Il en existe pour tous les niveaux. Personnellement, j’ai créé celui pour les CM1-CM2 en juin 2018 et nous allons dépasser les 5.000 membres bientôt.

J’ai commencé à écrire un article, mais je me suis vite rendu compte qu’il allait être très/trop long. J’ai donc décidé d’en écrire plusieurs sur des thèmes précis de la méthode. Sauf mentions contraires, mes commentaires s’appliquent pour les CM. Je ne vais pas détailler ce qu’est cette méthode puisque je l’ai déjà fait dans un autre article accessible ici. En revanche, je vais vous exposer mes commentaires sur cette méthode.

Je vais commencer pour ce premier article sur ce qui est central en tant qu’enseignant : les élèves !

Pour quels élèves ?

Après 5 ans en CM2, j’ai pour la première année un cours double : 25 CM1-CM2 et je me lance dans la MHM. Mes collègues s’y lancent aussi : CP ; CE1-CE2 et CE2-CM1. Je suis dans une école péri-urbaine avec un public relativement favorisé.

Ce qui est surprenant avec cette méthode, c’est que mes élèves ont été rapidement conquis par l’esprit de cette méthode. Ils aiment beaucoup les ateliers, les séances de régulation, le fait de pouvoir être plus actifs en aidant leurs camarades et en faisant du lien avec la « vraie » vie qui est leur quotidien. Je précise que j’ai vu cette année tous les élèves motivés, même les « anti-maths » ou les plus en difficulté. C’est vraiment la première fois depuis que j’enseigne que je vois cette motivation en mathématiques.

Avec mon année de recul, je pense très sincèrement que cette méthode peut s’utiliser auprès de tous les enfants : public favorisé, public ordinaire, REP, Ulis… Et comme toutes les « méthodes », c’est un super avantage pour les élèves si la méthode est suivie dans toute l’école. Avec mes 3 collègues, nous en sommes convaincus.

L’interaction avec et entre les élèves

Dans la méthode, il y a régulièrement des séances de régulation qui laissent à l’enseignant le loisir de prendre un peu plus de temps sur certaines notions. Dans ma classe, je demandais aux élèves sur quoi ils voulaient travailler. Par exemple : « Qui a besoin d’aide ? » => « Moi, j’ai besoin d’aide sur XXX ». « Qui d’autres ? » « Moi, moi, et moi ! ». « D’accord alors mettez-vous ensemble » et cela sur plusieurs notions. Comme cela, je faisais plusieurs groupes de besoins sur une notion précise. D’autres élèves venaient en aide aux groupes et j’en prenais un également.
Cette façon de faire à pour moi plusieurs avantages :

  • Les élèves qui ont bien compris doivent expliquer à leurs camardes. Pour cela, ils se rendent vite compte qu’il faut mieux maitriser le sujet. Les élèves expliquent entre eux avec des mots et des façons de faire qui nous dépassent parfois un peu. Le principal est que le plus grand nombre d’élèves acquiert les compétences qu’on attend.
  • Comme je ne peux pas être à plusieurs endroits à la fois, le fait que plusieurs élèves aident certains me permet de me consacrer aux élèves qui en ont le plus besoin.
  • Les « meilleurs » élèves ne s’ennuient pas un instant dans ces séances de régulation et ils se sentent très utiles (et ils le sont bien !). Avant, mes meilleurs élèves avaient souvent terminé avant les autres et ils faisaient certes des exercices supplémentaires (plus nombreux ou plus compliqués), mais ils ne se sentaient pas aussi utiles pour les autres que cette année.

Vous vous dites peut-être que c’est parce que j’ai des élèves géniaux dans un milieu favorisé. Il faut reconnaitre que ça aide, mais je serais face à des élèves moins favorisés, j’insisterais sur l’utilité qu’ils ont pour les autres, que tout le monde peut aider tout le monde, que l’entraide est le meilleur moyen de progresser.

Les tables dans la classe

Cette année, j’ai changé également ma disposition des tables. J’ai des ilots de 4 ou 6 tables. Cela permet plus facilement l’entraide en mathématiques mais aussi dans les autres matières. L’inconvénient que j’y vois (mais c’est le seul), c’est que les enfants sont plus tentés de bavarder qu’en frontal. Je serais en revanche plus réserver pour des CP et CE1 qui ont besoin d’être face au tableau pour l’apprentissage du geste d’écriture. À la rentrée prochaine, je travaillerai plus en début d’année sur le fait de parler en chuchotant ou à voix basse, car on a beau dire de parler en chuchotant, certains élèves n’en sont pas capables. Il s’agit vraiment d’un apprentissage à part entière.

Pendant les séances avec des ateliers, les élèves ne font pas tous la même chose et ils apprécient énormément ce fonctionnement. Pour ma part, j’avais 1 groupe de CM1 (5 élèves car j’ai un CM1 que j’ai fait passer en CM2 aux vacances de la Toussaint) et 3 groupes de CM2. Pour la rentrée, j’aurais une répartition plus équilibrée et je ferai comme cela :

  • Jour 1 : CM1a : atelier 1 ; CM1b : atelier 2 ; CM2a : atelier 1 ; CM2b : atelier 2
  • Jour 2 : CM1a : atelier 2 ; CM1b : atelier 1 ; CM2a : atelier 2 ; CM2b : atelier 1
  • Jour 3 : CM1a : atelier 3 ; CM1b : atelier 4 ; CM2a : atelier 3 ; CM2b : atelier 4
  • Jour 4 : CM1a : atelier 4 ; CM1b : atelier 3 ; CM2a : atelier 4 ; CM2b : atelier 3
  • Les ateliers notés « 1, 2, 3 et 4 » ne sont pas forcément les mêmes entre les CM1 et les CM2. Cela fait donc 4 ateliers différents chaque jour.

Maintenant que j’ai parlé des élèves, il y a une grande réflexion à avoir au niveau du matériel. Suite à mon année avec cette méthode, je vais revoir certaines choses et je vous en parlerai dans le prochain article.

Le matériel

à suivre très prochainement !

 

 

 

 

 

 

 

9 commentaires

  1. Merci pour cet article qui me donne le courage et renforce mon envie de se lancer. J’aurais un CM1-CM2 également.
    Vivement le prochain article.

  2. Bonjour Loïc,

    Ton retour est super, cela fait un petit moment que j’attendais ce type de retour autre que ceux que l’on trouve dans le groupe mhm.
    J’ai des cm1 aussi, mais nous accueillons beaucoup d’élèves en difficultés dans l’ecole (13 ppre et pap pour 23 élèves). La méthode et son esprit m’attirent mais si l’on n’a aucun élève qui sort du lot pour en aider d’autres, est elle jouable dans ce noyer? Mes collègues qui ont un cp et se sont lancées : au début elles étaient ravies mais elles complètent avec des exos de cap maths et ateliers pour les maths et autres fichiers . Je crois qu’elles se sont perdues dans la méthode et je vois qu’elles n’ont pas vue l’essentiel du programme. D’où mon attente de témoignages et la question suivante : la méthode est elle adaptée à tous les profils de classe ? Merci beaucoup.

    • Mes collègues ne rajoutent que très très marginalement des exercices, ce qui veut dire que la méthode se suffit à elle-même. Pour répondre à ta deuxième question, je suis convaincu que la méthode s’applique à tout le monde et je dirais même que c’est top avec des élèves en difficulté ou en zone sensible car ils mettent plus de sens aux mathématiques qu’avec la grande majorité des autres méthodes. Par contre pour qu’elle soit efficace, il est vivement recommandé de l’utiliser du CP au CM2.

  3. Tout à fait d’accord quant à l’organisation en îlots. Elle permet de l’échange, de l’entraide. Je fonctionne comme cela aussi et je récidive l’an prochain en entraînant deux collègues avec moi cette fois.

  4. merci pour ton article… très impatiente de lire celui sur le matériel car je suis en pleine commande et j’hésite beaucoup.. je me lance à la rentrée après avoir hésité l’an dernier (mais j’étais à mi temps..) .. je vais prendre les fichiers Nathan (niveau CM2) et certainement deux petits cahiers … qu’en penses-tu? Merci encore…

    • L’article sur le matériel sort demain lundi. Pour les fichiers, je vais en parler dans la semaine et je terminerai par les supports (cahiers, classeurs…)

  5. Je fais le même constat il faut apprendre à chuchoter aux élèves! J’ai également suivi cette méthode cette année, les élèves adorent les ateliers, les jeux, la manipulation.
    Je change d’école et de niveau et je ne pourrais pas continuer…. Je ne perds pas espoir de convaincre les collègues… Cette année nous étions les 2 classes de Cm1, l’an prochain tour le monde s’y met sauf le cp.

  6. Bonjour, merci pour ton article.
    J’ai testé la méthode cette année en CM avec une collègue. Pour ma part j’ai un bilan un peu plus mitigé. J’ai eu des petits soucis avec des élèves « scolaires » qui ne retrouvaient pas leurs habitudes et qui ont eu du mal à entrer dans la méthode… conséquence ils ont décroché. Je n’ai pas réussi à les intégrer. Ils ont quand même progressé. Du coup je m interrogeais quant à intégrer d autres exercices (bien que je n ai pas le temps). Si tu as des conseils ?. Merci

    • C’est curieux car s’ils sont « très scolaires », ça veut dire qu’ils s’adaptent facilement à ce qu’on leur propose. Si tu entends « scolaires » par le fait qu’ils préfèrent des exercices « classiques », à toi de voir mais personnellement je ne donne pas d’exercices supplémentaires à la méthode (ou très très rarement). Il serait intéressant de savoir ce qui ne leur plait pas. Tu parles de ne pas retrouver leurs habitudes. Alors là, c’est vraiment dommage car ils risques d’avoir d’autres méthodes de travail au collège ; ils doivent s’adapter et c’est à nous de les aider pour cela, ils ne doivent pas rester toujours dans leur petit confort en faisant toujours la même chose. Pour en revenir à la MHM, tout l’intérêt de la suivre sur plusieurs années, c’est que les enfants prennent des habitudes.

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